Présidentielle : quand le web devient un champ de bataille sans règles

3 Feb

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Au Bénin, l’élection présidentielle du 28 février 2016 au Bénin occupe la quasi totalité de l’espace sur les réseaux sociaux. Le code électoral a encadré la campagne sur le terrain. Les candidats et leur staff, les milieux politiques savent réagir dans le monde réel. Mais que se passe-t-il en réalité dans le monde virtuel, sur le web ? La question a été abordée au #WasexoTweetup “Spécial présidentielle” numéro 2 du 30 janvier 2016 à Cotonou.

Que dit le code électoral

Dans son Titre VI du Livre Premier, le code électoral défini la campagne et encadre les activités à mener dans cette période.

Article 54 : personne ne peut faire campagne en dehors de la période prévue à cet effet.

Article 55 : Les candidats reconnus comme tels sont autorisés à organiser les réunions électorales.

Article 56 : La réunion électorale a pour but de présenter le candidat et/ou le projet de société du candidat.

La loi interdit donc aux candidats de faire autre chose pendant la période de précampagne que sa propre présentation ou la présentation de son projet de société.

La campagne web 2.0

Les médias sociaux les plus connus aux Bénin sont Facebook, Twitter, YouTube auxquels il faut associer l’application de messagerie instantanée Whatsapp qui joue un rôle de relais. Mais Facebook reste le nouveau média le plus utilisé par le commun des béninois, tandis que les plus actifs sur Twitter sont généralement plus connaisseurs qu’aventuriers. Le constat fait est que les médias sociaux sont devenus un moyen plus rapide et efficace d’atteindre le monde numérique et pénétrer la population. Les informations véhiculées sur le web ne sont pas toujours authentiques. Les utilisateurs de ces médias ont la liberté de publié ce qu’ils veulent, quand ils le souhaitent et comme cela leur plait. Cette liberté n’étant pas délimitée, associée au manque de responsabilité et de sérieux de certains utilisateurs laisse trop de place à la désinformation, à l’intoxication informative et à la violation des principes fondatrices de notre société béninoise.

La réalité de la campagne électorale de la présidentielle sur les médias sociaux est faite de publication du contenu de projet de société ou des axes à aborder pour certains candidats, tandis que pour d’autres elle se résume à insulter, dépeindre, ou discréditer les adversaires sans rien dire de ce qu’ils veulent faire concrètement pour le pays. Les candidats et/ou leurs staffs, partisans et sympathisants occupent les débats sur les médias sociaux, sans pour la plupart du temps apporter grande chose à ces échanges. Le droit d’aînesse, le respect de l’autorité, le respect des textes, sont quasi absents dans les débats. L’authenticité même de certains comptes peut être mise en doute.

Quelques morceaux choisis :

“Si Zinsou devient président pensez-vous qu’il va les reconnaître ? Il va tout privatiser, les blancs vont gérer les ministères, tout ceux là qui courent aujourd’hui irons en exile, d’autres vont faire la prison, il les regarde. Zinsou, Abt, Talon, Pik, il y a une relation entre ces trois candidats.”

” hagbè, incapable, espace de mauvais élève, donc c’est de toi que parlait pépé aganman. Tu as 00/20 en politique hein. Ok fais le bilan 25 ans de renouveau démocratique et près de 60 ans de vie politique, sans pouvoir préparer un dauphin .amasse redoublant mal chanceux.”

“Combien de franc as tu reçu pour un tel délire? Comme si ce qu’on t’a donné aujourd’hui ne finira jamais. Vous criez pour la corruption dans le pays, vous criez pour le chômage des jeunes dans le pays, vous criez pour bons nombres de choses. Mais quelques billets de banque suffisent pour que vous étalez sur le net votre insuffisance cérébrale et votre richesse stomacale. Quel changement voulez vous? C’est un désastre pour ce pays quand la jeunesse évolue sans boussole, sans objectif. ceux là qui vous donnent les billets ont déja le beurre, l’argent du beurre sur plusieurs générations. Mais toi, jeune qu’as tu? Prends conscience de ton avenir, car tu en sera le seul responsable. Ne compte pas sur un partie politique pour venir te secourir quand tu seras dans le besoin. Alors que ton vote soit utile. Et montre à ces politiciens qui se moquent de toi que tu n’es pas à quelques billets de banque prêt.”

Il est donc clair que les médias sociaux sont devenus le tremplin de la désinformation, de l’intoxication, du discrédit … de tout ce qui ne témoigne pas de l’éducation que tous, nous avons reçue à la maison. Car, aucun de ces mots n’auraient été prononcés dans la vie réelle, en face des destinataires. Même dans leurs dos, cela serait très difficile. C’est dire que sur les réseaux sociaux, point besoin de respect envers les ainés, les autorités.

Au milieu de ces internautes qui font montre d’aucune éducation et qui ne perdent aucune occasion pour insulter, se trouvent quelques uns qui se concentrent à défendre leurs candidats, et surtout d’autres acteurs non engagés, mais très avertis sur les questions de l’emploi des réseaux sociaux.

Des utilisateurs, blogueurs responsables

Il serait important de définir un système de cadrage de l’information publiée sur les réseaux sociaux. Et certains utilisateurs du web s’atèle à conscientiser leurs homologues, à travers leur organisation, l’Association des Blogueurs du Bénin (AB-Bénin). ils organisent des séances d’échange sur l’implication du web en général, et des réseaux sociaux en particuliers dans la communication et l’information sur certains thématiques précis. Il s’agit des #wasexotweetup. Les sessions en cours actuellement sont tenues sur l’implication des médias sociaux dans la présidentielle du 28 février 2016. A l’issu des échanges tenus ce samedi 30 janvier 2016 à l’hôtel de l’entente, il est a retenir les points suivants :

  • Les législateurs doivent voter des textes de lois qui encadrent la publication sur les réseaux sociaux
  • Il faut appliquer la sanction en cas de non respect des textes
  • Il faut conscientiser les internautes sur leur responsabilité dans la diffusion de l’information
  • Celui qui publie une information sensible doit donner sa source et en assumer la responsabilité …

La véritable question qui suscité un long débat fut la gestion de la propagande sur le web, à la fin de la campagne électorale. Aucune solution réelle n’a été trouvée à cette dernière, en dehors de la réglementation par les textes de lois.

Finagnon Aubin KPOVIESSI, e-observateur, contributeur

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