Des zémidjans sur une route à Cotonou. Photo : www.news.acotonou.com
Au Bénin, ils sont les maîtres de la route. On ne peut pas passer sur une voie fréquentée sans voir un zémidjan, encore appelé zém, ces conducteurs de taxis motos, reconnaissables à leurs maillots jaunes distinctifs. Très souvent, le dos de leur uniforme sert de vitrine pour des campagnes de sensibilisation, des messages divers, etc. La propagande pour les candidats aux élections n’échappe pas à cette utilisation. Et la veille du scrutin présidentiel du 28 février, le phénomène prend une ampleur particulière.
Un phénomène qui dure depuis des années
A l’orée de chaque élection importante, on peut remarquer sur certains zémidjans des messages de soutien pour tel ou tel candidat. Ainsi, on peut voir des messages du type “zém pour X” ou “avec Y, le développement est assuré” ou encore “les zémidjans de telle localité soutiennent Z”. Ce sont de véritables publicités pour ces candidats puisque ces messages sont constamment sous les yeux des clients et usagers de la route. Ce n’est pourtant pas un phénomène qui vient d’apparaître. Pour ma part, je l’ai remarqué depuis plusieurs années déjà. Les zémidjans portant des messages de soutien aux candidats sont devenus une telle habitude qu’on semble ne même plus le remarquer, c’est devenu normal.
Une forme de campagne avant la campagne ?
Même si aucun des messages véhiculés ne dit clairement “votez pour…”, on pourrait être tentés de qualifier cet état de choses de propagande électorale. En effet, les noms des candidats figurent clairement dans les messages et l’intention est plus ou moins claire… Plus efficaces que les affiches standards, les zémidjans étant très mobiles portent le message partout où ils passent, forçant presque la lecture étant donné que c’est tout juste sous les yeux. Quel moyen intéressant de porter l’information aux gens n’est-ce pas? C’est d’ailleurs grâce au succès des campagnes de sensibilisation par l’intermédiaire des zém que cette idée de les utiliser autrement pour les élections est née.
Que faire ?
Il faudrait déjà savoir ce qu’en dit le code électoral. A sa lecture, on constate qu’aucune disposition ne se réfère précisément à ce phénomène. Il faudrait donc réussir à prouver que cette pratique est une forme de propagande afin de pouvoir la faire entrer dans le cadre de l’article 54 par exemple qui interdit toute campagne en dehors de la période prévue ou encore de l’article 143 qui prévoit des sanctions en cas de violation de l’article 53. C’est donc à nous citoyens que revient la tâche d’analyser et dénoncer cette forme cachée et pourtant sous nos yeux de campagne électorale avant l’heure.
PS : La loi N°2013-06 du 25 novembre 2013 portant code électoral en République du Bénin est téléchargeable gratuitement en ligne.
PS : La loi N°2013-06 du 25 novembre 2013 portant code électoral en République du Bénin est téléchargeable gratuitement en ligne.
e-observateur
Point Focal pour la Plateforme électorale des OSC du Bénin